[Dissuasion nucléaire française] Zéro ambiguïté


François Géré, Président de l’Institut français d’analyse stratégique (Ifas).


La confusion s’aggravant, je crois indispensable de rappeler que :

JAMAIS et Nulle part n’a figuré dans la stratégie de dissuasion nucléaire de la France la notion d’ambiguïté.

Le seul pays qui l’a adoptée depuis 2007 est Israël pour n’avoir pas à reconnaître officiellement l’existence de son arsenal nucléaire crédité depuis trente ans de 100 à 150 têtes.
Par ailleurs, les États-Unis ont adopté la posture dite " neither declare nor deny" pour éviter de mentionner la présence d’armes nucléaires sur leurs navires dans les eaux territoriales de pays alliés qui ont signé des traités bannissant les armes nucléaires.

S’agissant de la France, sa doctrine de dissuasion nucléaire résulte "de la combinaison d’une certitude et d’incertitudes dans le champ mental d’un candidat agresseur.

- certitude quant à l’existence d’un risque inacceptable

- incertitudes sur les conditions exactes d’application des représailles en cas d’ouverture des hostilités."

A la certitude de notre résolution au moment de la crise vient s’ajouter en complément l’incertitude de notre comportement réel une fois attesté l’échec de la dissuasion, vérifié par la manœuvre pour l’information sur les intentions de l’agresseur au regard de nos intérêts vitaux. C’est pourquoi, jusqu’à présent, les autorités politiques se sont gardées de définir le périmètre des intérêts vitaux de la France.

Bien entendu nul n’est gardien du dogme.

Mais si un Président français entend changer la stratégie nucléaire il est indispensable qu’il le dise et en fournisse les raisons pertinentes.

Cela ne se fait ni étourdiment, ni à la sauvette au détour d’un mot.


Photo : French Submarine Le Terrible (S 619) Triomphant Class Watched at Goulet de Brest, Pointe de Espagnols, 2008 - CC.