La coopération de défense entre la Finlande et la Suède

La Finlande et la Suède sont unies par l’histoire. En 1807, la Russie conquit la Finlande, qui avait été jusque-là « la partie est du royaume ». Cependant, les liens entre les deux pays sont demeurés forts. Aujourd’hui environ 500 000 finlandais vivent en Suède et 200 000 suédois ont pour langue maternelle le finlandais. Inversement, environ 250 000 finlandais parlent le suédois.
Le 11 novembre 2013, les ministres de la défense des deux pays, Mme Karin Enström (Suède) et M. Carl Haglund (Finlande) ont discuté de la coopération entre les deux pays en matière de défense. Voici un bref compte rendu de ces discussions.

Les ministres ont affirmé que la coopération nordique en matière de défense a lieu dans le cadre de NORDEFCO (Nordic Defence Cooperation) (voir notre article La coopération nordique de défense, vers une alliance tacite ? dans la revue Nordique no 19, 2009). Cette coopération est une forme de coopération conforme à l’idée de Défense Intelligente de l’OTAN). Elle suscite l’intérêt de plusieurs pays européens mais également des critiques – elle ne sert à rien, elle demande trop d’énergie… Cette coopération ne vise pas à constituer une alternative à l’OTAN ou à l’UE, mais à venir les compléter. Il faut garder à l’esprit que les pays nordiques ont choisi des solutions différentes pour leur sécurité : la Suède et la Finlande font partie de l’UE mais pas de l’OTAN, la Norvège et l’Islande ne font partie que de l’OTAN et le Danemark enfin fait partie des deux mais ne participe pas à la PESC.
La coopération au sein de NORDEFCO comprend des exercices (surtout pour les armées de l’air), des dispositifs de gestion de crise (comme le GT1500 Nordique (Nordic Battle Group)) et une collaboration en matière d’armement.
Compte tenu de leur histoire commune et de leur position par rapport à l’OTAN et à l’UE, la coopération entre la Finlande et la Suède est encore plus étroite. Des exercices aériens sont pratiqués presque toutes les semaines, ainsi que des exercices navals. Les deux pays coopèrent pour l’opération au Mali et en matière de transport aérien. Il y a quelques années, ils ont démarré une coopération de surveillance maritime en Baltique, le SUCBAS, auquel adhèrent aujourd’hui tous les pays riverains, exceptions faite de la Russie. Des réunions de travail bilatérales ont également lieu très fréquemment.
Les deux ministres ont souligné qu’il n’existait pas de limites de principe à cette coopération, si ce n’est que chacun des pays conserve son autonomie de décision. Il ne s’agit donc pas d’une alliance.
Les trois axes principaux de développement de la coopération portent sur le développement à long terme des capacités militaires, la gestion de crise et les exercices en commun. Pour le premier volet, une harmonisation de l’approvisionnement du matériel militaire serait souhaitable, mais dans la mesure où les dispositions législatives diffèrent, cela ne sera possible qu’à long terme. Cependant, on pourrait, dans la mesure du possible, s’efforcer de coordonner les achats.
À une question du public, la ministre suédoise a répondu que les Russes avaient clairement expliqué aux Suédois qu’ils avaient l’intention de faire plus d’exercices dans la Baltique, sur des positions de plus en plus avancées. Cela ne semblait cependant pas inquiéter la ministre outre mesure.