Le financement du terrorisme

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Les Agences américaines devraient systématiquement analyser l’usage de mécanismes de financement alternatifs par les terroristes.

Le GAO a été chargé d’analyser la nature et l’étendue du recours à des mécanismes de financement alternatifs par des groupes terroristes pour acquérir, transférer et placer leurs avoirs. Il lui a aussi été demandé d’évaluer le défi auquel le gouvernement américain devait faire face dans son activité de surveillance des mécanismes de financements alternatifs utilisés par les terroristes.

En ce qui concerne le gain, le transfert et le placement des avoirs, les terroristes cherchent à agir dans une opacité relative en utilisant des mécanismes mettant en jeu des réseaux aux liens très forts ou bien des industries au fonctionnement obscur, tels que l’industrie de l’or, du diamant [1] ; le trafic de cigarettes [2], de drogues ou d’armes ; le détournement de dons à des organisations charitables [3] ou encore le recours à des systèmes informels de banques [4].
Les actions terroristes ne nécessitent pas nécessairement de très fortes sommes d’argent : le coût de l’organisation des attentats du 11 septembre 2001 se situait entre $300 000 et $500 000. Dès lors, financer ce type d’opération n’entame que légèrement les avoirs détenus par les organisations terroristes, tant leurs revenus sont importants. Par exemple, le trafic de drogues est le bien illégal dont le commerce est le plus lucratif [5] : il est évalué à des milliards de dollars et permet aux trafiquants de drogues de corrompre les gouvernements, de soudoyer les personnes en charge de l’application des lois dans le monde entier, et particulièrement dans les pays ou les dispositifs législatifs sont faibles et où les fonctionnaires sont pauvres [6].

Du fait de la nature criminelle du recours à des mécanismes de financement alternatifs par des groupes terroristes et du manque de recueil et d’analyse des informations, l’étendue du recours à ces pratiques est inconnue. Le gouvernement américain doit faire face à de nombreux défis, parmi lesquels figure la capacité à joindre les terroristes, leur capacité d’adaptation rapide et enfin la concurrence entre les priorités au sein des services anti-terroristes.

Voir le rapport complet (novembre 2003) sur le site du GAO (document pdf).

[1Les diamants ont beaucoup de valeur, un poids faible, ne sont pas traçable et sont sans odeur. L’industrie internationale du diamant est fragmentée en de nombreuses mines, située dans des endroits reculés d’Afrique, dans des pays aux frontières poreuses et sans règle de droit : la transparence des flux de diamants est limitée du fait du chemin complexe qui existe entre la mine et le consommateur.

[2A titre d’exemple, le Hezbollah a généré un profit de $1.5 millions aux États-Unis entre 1996 et 2000 en achetant des cigarettes dans des États américains où elles sont peu taxées à un prix plus faible et en les revendant dans des États où les cigarettes sont fortement taxées à un prix plus élevé.

[3Il existe principalement deux types de détournement : des organisations de charité se sont crées, mais leur but réel étaient de lever des fonds à des fins terroristes ; ou des terroristes peuvent infiltrer des organisations charitables légitimes et détourner les fonds pour soutenir directement ou indirectement des organisations terroristes.

[4Les Nations-Unies évaluent à $200 milliards les flux de transactions annuels qui circulent via les systèmes de banques informels (cf. Hawala). La Banque Mondiale et le FMI l’évalue à des dizaine de milliards de dollars, alors que la cellule de lutte contre le crime financier (FinCen) estime pour sa part qu’en évaluer le montant est impossible.

[5Selon le U.S State’s Department’s Bureau of International Narcotics and Law Enforcement Affairs.

[6Dans certains pays d’Amérique du Sud, des groupes terroristes internationaux ont installé des bases de soutien de leurs opérations qui ont lieu dans le monde entier. Par exemple, la région des trois frontières -Argentine, Brésil et Paraguay - demeure un havre sûr pour le Hezbollah et le HAMAS. Ces groupes peuvent lever des fonds dans le but de financer leurs opérations au travers d’entreprises criminelles.