Cet autre visage de Wikileaks

Des échanges entre Donald Trump Jr. et le site de Julien Assange, Wikileaks, avant et après l’élection présidentielle aux Etats-Unis, ont été révélés par le magazine The Atlantic et confirmés par le fils du président américain. Existe-t-il un projet politique qui se cache derrière l’idéologie de la transparence du célèbre site de fuites ?

Atlantico : Des échanges entre Donald Trump Jr. et le site de Julien Assange, Wikileaks, avant et après l’élection présidentielle aux Etats-Unis,ont été révélés par le magazine The Atlantic et confirmés par le fils du président américain. Dans ces messages, l’ONG controversée en raison de ses publications mais qui se veut transparente invitait notamment Donald Jr. à partager ses fuites concernant le dossier des e-mails de Hillary Clinton, à proposer à son père de nommer Julien Assange comme ambassadeur en Australie ou encore, le jour du scrutin, à conseiller au candidat Républicain de refuser de concéder sa défaite pour semer le doute sur la légitimité de l’élection, jusqu’alors pressentie, de la candidate Démocrate. Existe-t-il un projet politique qui se cache derrière l’idéologie de la transparence de Wikileaks ?
Lequel ?

François Géré : Peut-on être surpris par la relation entre fils aîné du président Donald Trump et Julian Assange, patron de Wikileaks ? N’est-il pas paradoxal que cette ONG ait fait des offres de service à l’entourage immédiat du nouveau président des Etats-Unis ? L’idée principale repose sur un échange mutuellement bénéfique.
Wikileaks gagnerait en notoriété et en réputation de fiabilité et d’impartialité tandis que Trump démontrerait la transparence de ses activités. Or, Assange ne recherche pas l’objectivité mais simplement à rendre public tout ce qui est secret. L’idéologie de l’ONG est imprégnée d’une sorte d’anarcho-populisme hostile aux Etats et à leurs administrations ainsi qu’aux partis politiques établis qu’ils soient démocrate ou républicain, de droite ou de gauche. Il s’agit de démasquer les menées du pouvoir en place. Or cela le rapproche de Trump par une affinité dans la dénonciation des pratiques politiques traditionnelles. Il n’est pas étonnant qu’Hillary Clinton, très représentative de l’establishment politique américain, ait été la cible privilégiée des révélations de Wikileaks et des attaques de Trump. Assange a lui-même publiquement déclaré son hostilité à la candidate démocrate. Sur son site, Wikileaks justifie ainsi sa démarche : « “ l’immense quantité de choses que nous publions sur Clinton aura un impact bien plus grand parce qu’il ne sera pas perçu comme venant d’une source ‘pro-Trump’ ou ‘pro-Russie’.” (...)

« Cet autre visage de Wikileaks qu’ont dévoilé les étranges échanges entre les chevaliers de la transparence et Donald Trump Jr », Interview de François Géré et Franck DeCloquement, Atlantico.fr, 16 novembre 2017


Photo : Julian Assange, © Espen Moe, CC, 20 mars 2010.