La France et l’OTAN après le Sommet de Riga
Confronté aux menaces nouvelles du XXIème siècle, l’Alliance Atlantique a transformé en quelques années son outil militaire afin de pouvoir l’engager dans des opérations à l’échelle mondiale, en Méditerranée, dans l’Océan Indien, en Asie centrale. La mission de défense de l’Europe est parallèlement renforcée. La France ne pouvait se mettre à l’écart de cette évolution. Tout au contraire, elle saisit ce tournant stratégique pour revenir dans l’OTAN et en devenir un contributeur de son système de sécurité collective. La présence de Jacques Chirac au Sommet de Riga en novembre 2006 fut l’occasion de réaffirmer cette dimension de notre politique extérieure, de défense et de sécurité.
De la crise des Balkans au sommet de Prague de 2002.
Confrontée à la nécessité d’opérer avec ses alliés lors de la guerre des Balkans, le 5 décembre 1995, la France reprend sa place au sein du Conseil des Ministres et du Comité Militaire de l’OTAN. L’Europe, il est vrai, est alors totalement démunie de moyens militaires propres, si bien que l’OTAN se présente comme le seul outil apte à rétablir la paix, avec, et comment en aurait-il été autrement, l’implication des Etats-Unis.
Le Sommet de Prague de novembre 2002 marque la seconde étape du retour de la France dans l’OTAN. L’organisation propose alors de transformer ses forces sur la base de NATO Response Forces, des forces de réaction rapides pour les opérations extérieures pour des missions de maintien ou de rétablissement de la paix. Forte d’une solide culture militaire et diplomatique en matière d’OPEX, disposant déjà de moyens de commandement projetables bien adaptés, la France se propose alors d’être « Nation cadre des NRF ». Dans ce processus, les forces armées françaises ont pour elles d’avoir toujours pris soin de rester interopérables avec celles de l’OTAN, et ce même après le retrait de la structure intégrée en 1966. Suite au rejet du Traité constitutionnelle par les français le 29 mai 2005, la France est affaibli auprès de ses partenaires européens. Subissant dès lors un environnement politique défavorable, comptant avec parcimonie ses moyens militaires dans un contexte budgétaire contraint, le gouvernement français joue désormais pleinement au plan opérationnel la carte de l’OTAN.
Pour autant, le développement d’une PESD (Politique Européenne de Sécurité et de Défense) sur la base du Traité de Nice (février 2001) reste un objectif complémentaire au système otanien. Cet objectif trouve sa légitimité dans un partenariat stratégique signé entre l’Union européenne et l’OTAN : les accords dits de « Berlin plus » de début 2003. Dans ce cadre, l’Union européenne peuvent partager leurs moyens : ce qui sert la PESD peut servir à l’OTAN, et inversement. Le choix de la bannière qui flottera au dessus des troupes européennes en opérations sera alors conditionnée par le choix des Etats membre de l’UE et de l’OTAN, la décision se fondant sur la base d’un consensus. Habillement, Paris se présente ainsi comme un allié efficace de l’Alliance Atlantique en devenant un acteur clé de la transformation de l’OTAN, tout en entretenant l’espoir d’une politique de défense européenne plus consolidée au sein de l’Union Européenne. La route est encore longue : la crise libanaise de l’été 2006, et sa gestion au plan militaire par les Etats européens dans la conduite des opérations d’évacuation, a confirmé l’absence de l’Europe en matière de défense.
La France, une force armée pour l’OTAN
Traduction du Sommet de Prague de 2002, la France et le Royaume Uni obtiennent en 2005 le label de « Nation Cadre » de la Composante aérienne. A cette fin, l’Armée de l’air met en place une structure de commandement projetable apte à conduire 250 sorties aériennes quotidiennes. Les hautes autorités françaises donnent mandat à l’Armée de terre de mettre en place un état-major multinational pour l’OTAN qui prend ses quartiers dans la forteresse Vauban de Lille. La marine nationale met en service des Bâtiments de projection et de commandement, les BPC, qui pourront être affectés aux NRF.
Pour sa part, l’Espagne prend la responsabilité de la composante terrestre et l’Italie de la composante navale. L’établissement d’un commandement chargé des opérations à Mons (SACEUR) et d’un commandement de la transformation des forces à Norfolk (USA) où l’on compte plusieurs dizaines d’officiers français contribuent à la réforme des structures de l’OTAN. Notons que nos forces restent sous commandement national jusqu’à leur affectation à une NRF ; elles passent alors sous commandement de l’OTAN. Quant aux militaires français insérés dans les structures de l’OTAN, ils restent sous la responsabilité directe du chef d’état major des armées.
Mais, notre politique de défense a su apprécier ce qui est essentiel dans sa relation avec l’OTAN. Dans le domaine stratégique de la guerre électronique, et c’est peu connu, notre pays accueille à maintes reprises les campagnes Embow et Mace dédiées à l’autoprotection des aéronefs. En mars 2005 des avions de renseignement électronique français (notamment Gabriel et Awacs) ont participé aux exercices OTAN Trial Hammer (organisé au dessus de la France et de l’Allemagne) puis Spartan Hammer en Grèce en novembre 2006.
Aujourd’hui, les forces françaises sont engagées au Kosovo, mais surtout en Afghanistan. Là, le dispositif français de plus d’un millier de militaires et de plusieurs chasseurs-bombardiers Mirage 2000 D reçoit fin 2006 l’appui de deux hélicoptères EC-725 Resco de l’Armée de l’air, des machines toute récentes conçues pour les missions spéciales en zones hostiles.
Bref, il n’est plus possible à quiconque de dire que la France, membre de l’Alliance Atlantique, ne fait pas partie de l’OTAN.