Crimée : une onde de choc mondiale ?

Participation de François Géré à « Crimée : une onde de choc mondiale ? », France Culture, Du grain à moudre, 24 mars 2014.

On le croyait moribond : voilà que le G7 refait parler de lui. Ce soir, à la Haye aux Pays-Bas, en marge du sommet international sur la sûreté nucléaire, le club des pays les plus industrialisés (à avoir les Etats-Unis, le Canada, le Japon, le Royaume-Uni, l’Allemagne, la France et l’Italie) ce club va reprendre vie, comme au bon vieux temps…autrement dit comme avant 1998, lorsque la Russie n’en faisait pas encore partie. De nouvelles sanctions contre Moscou pourraient être prises.

Voilà une des conséquences de la crise ukrainienne, née du refus de l’ancien gouvernement à Kiev de signer, comme prévu, un accord d’association avec l’Union européenne. Depuis, le pouvoir a changé en Ukraine, la Russie a envoyé ses troupes en Crimée, laquelle est redevenue russe à l’issue d’un référendum sans le moindre égard pour la légalité internationale. La suite ? Personne ne la connaît mais beaucoup la craignent.

La Crimée n’est-elle qu’une étape dans la stratégie de reconquête menée par Vladimir Poutine ? Les troupes russes stationnées aux frontières de l’Ukraine ont-elles vocation à investir d’autres territoires ? La Moldavie et la Géorgie, elles aussi engagées dans un partenariat avec l’Europe, doivent-elles craindre de subir un sort identique ?

Et cette crainte justifie-t-elle qu’en retour, les pays de l’OTAN s’engagent dans une démonstration de force militaire ? Ce qui est certain, c’est qu’une certaine idée des nouveaux équilibres mondiaux, née de l’après guerre froide, est –sinon morte-, en tout cas mise en sommeil. Comme l’écrit le Wall Street Journal, les hommes du XIXe siècle sont de retour.