La CIA a-t-elle favorisée le développement du nucléaire iranien ?

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Jean-Loup Samaan revient sur la polémique suscitée par l’ouvrage de James Risen autour de l’aide qu’aurait apportée la CIA à l’Iran pour se doter de l’arme nucléaire.

Le 3 janvier dernier, la parution de l’ouvrage State of War : The Secret History of the CIA and The Bush Administration, par James Risen, journaliste spécialisé sur les questions de renseignement au New York Times, provoquait des remous dans les cercles de pouvoir à Washington. Risen, se fondant sur des sources anonymes de l’administration actuelle, dévoilerait de nombreux dysfonctionnements et erreurs stratégiques commis par les services de renseignement américains.
Relayant les propos de Risen, le quotidien britannique The Guardian diffusait un extrait de l’enquête où l’auteur affirme que « la CIA a indirectement aidé l’Iran à se doter de la bombe nucléaire suite à une opération ratée de désinformation ». Plus précisément, en février 2000, l’agence aurait transmis des dossiers contenant des informations technologiques erronées aux Iraniens par l’intermédiaire d’un agent double russe. Il s’avéra que l’agent russe en question indiqua les fausses pistes aux services iraniens qui purent néanmoins exploiter d’autres données du document, accélérant ainsi le développement de l’arme atomique iranienne.
Il est à ce jour difficile de corroborer les propos de James Risen qui ne reposent avant tout que sur la fiabilité de sources humaines restées dans l’ombre. Le Pentagone et la CIA ont de leur côté rejeté en bloc les accusations, au besoin en décrédibilisant les méthodes employées par le journaliste. Néanmoins, si la bévue venait à être confirmée, les répercussions sur l’image de marque de la CIA - déjà entachée quant à son efficacité face au terrorisme international - pourraient s’ajouter au bilan pour le moins mitigé de la présidence Bush en matière de renseignement humain.
Reste que cet épisode daterait de 2000, soit de l’ère Clinton, et que dès lors on peut se poser des questions sur le lien entre un tel récit et les responsabilités de Georges Bush et Georges Tenet, ancien directeur de la CIA, plus globalement en matière de sécurité extérieure. Derrière l’aspect surréaliste de l’erreur tactique dévoilée, ne perdons pas de vue que cette « affaire » tend aussi à convaincre du danger iranien tant du point de vue de la progression technologique que des intentions de Téhéran.