Ni guerre ni réunification, quelle issue pour la crise en Corée du Nord ?

Pour François Géré, spécialiste de géopolitique, la situation de la péninsule coréenne a finalement peu évolué depuis un quart de siècle. Après le lancement de deux missiles de longue portée par le régime nord-coréen, le conseil de sécurité des Nations Unies a adopté samedi à l’unanimité – donc avec l’appui de la Chine et de la Russie – une résolution américaine prévoyant de nouvelles sanctions contre la Corée du Nord, susceptible de réduire d’un milliard de dollars ses exportations annuelles, soit une baisse d’un tiers.

Ceux qui ont la manie de conserver des archives documentaires ne manquent pas de sourire en consultant les analyses sur la Corée du Nord remontant aux années 1990. On peut y lire que les programmes balistiques et nucléaires de cette dictature progressent de manière inquiétante ; que la Chine doit adopter une attitude plus ferme ; que la communauté internationale ne saurait tolérer que Pyongyang parvienne à acquérir la bombe atomique.

On se souvient que la diplomatie avait alors déployé des trésors de subtilité pour mettre en place un mécanisme (la KEDO) afin de résoudre à l’amiable la crise. Le consortium qui incluait à l’époque l’Union européenne était même parvenu à un schéma d’accord (agreed framework) fondé sur un troc entre les matières nucléaires nord-coréennes et des livraisons gratuites de fuel lourd, indispensable pour lui procurer de l’électricité. Malheureusement, le congrès des États-Unis s’était refusé à payer, préférant attendre « l’écroulement imminent » de l’économie et du régime de « l’État voyou ». (...)

François Géré, « Ni guerre ni réunification, quelle issue pour la crise en Corée du Nord ? », L’Opinion, 7 août 2017.

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