Forum pour la paix : mais si la guerre (re)venait vraiment ?

Atlantico : Ne peut-on pas voir dans les déclarations d’Emmanuel Macron une certain décalage existant avec les menaces extérieures réelles ? Quelles sont ces menaces (de la Chine à la Russie, en passant par l’Islamisme radical, ou par la Turquie de Erdogan) ?

François Géré : Depuis son discours à la Sorbonne du 26 septembre 2017 par lequel il a lancé l’Initiative européenne d’intervention (IEI) le président Macron a multiplié les interventions concernant l’état de l’Europe et la nécessité de doter l’Union d’une véritable autonomie stratégique. Agitant le spectre des vieux démons des années 30, il n’a cessé de mettre en garde contre le repli sur soi, l’isolationnisme, l’unilatéralisme, le protectionnisme en leur opposant l’esprit d’ouverture et de solidarité, le multilatéralisme et le libre-échange. Les premiers sont lourds de menaces de guerre, les seconds synonymes de paix. Le chef de l’Etat a voulu rejeter le nationalisme du côté du racisme, de l’antisémitisme en lui opposant le patriotisme. Cette opposition a-t-elle un sens ? On débattra longtemps de savoir s’il est pertinent d’opposer Maurice Barrès à Charles Péguy. Il eût été préférable d’utiliser le terme chauvinisme qui comporte des connotations claires de xénophobie et d’agressivité. Le nationalisme des années 30 n’est devenu une menace mortelle pour la paix qu’à travers un couplage avec le socialisme dans sa version nazie. (...)


« Forum pour la paix : et si la guerre (re)venait vraiment ? », Interview de François Géré, Atlantico.fr, 18 novembre 2018.


Photo - © AFP Frédérick Florin.